“Foncier agricole (Dytefort)”
Le projet Dytefort (Dynamiques territoriales et foncières dans le rural en transition du grand Ouest de la France) a été proposé en 2007, accepté en 2008, et s’est achevé le 31 août 2011.
Il a été piloté par Christine Margétic (ESO-Nantes) et Pascal Dagron (AC3A*).
Le projet visait à mesurer, “dans un contexte de recomposition des territoires dans les espaces ruraux en transition du grand Ouest, quelle marge de manoeuvre ont les acteurs (économiques – dont les agriculteurs – et politiques) pour anticiper et encadrer les mutations en cours ou à venir, notamment foncières ?” (extrait du projet).
Une présentation de Dytefort est disponible en ligne.
Elle donne accès à certaines publications du projet.
Les principaux apports du projets sont synthétisés dans un “4 pages PSDR“
A noter également la parution de l’Atlas des campagnes de l’Ouest aux PUR*
Dytefort s’appuie sur des enquêtes visant 8 terrains (carte ci-dessous).
J’ai animé le VR3 (volet de recherche n° 3) intitulé “Usages et représentations des espaces agricoles“.
“Ce VR tend à montrer que les dynamiques territoriales et foncières ne sont pas le simple effet d’un étalement urbain, mais qu’elles sont également produites par des acteurs locaux, et en particulier agricoles. La focale agricole (T3.2 et T3.3) est justifiée par le rôle spécifique que joue cet espace comme constitutif de l’identité « rurale » et comme variable d’ajustement de la « transition » sur les marchés fonciers. La terre agricole, un des objets du marché foncier (T3.1) et enjeu paysager et environnemental (T3.2), est d’abord pour ses habitants un espace vécu et partagé (T3.3). Le travail est réparti entre ces trois thèmes de manière non hiérarchisée” (extrait du projet).
Le VR est divisé en trois “tâches” :
- T31 Analyse socio-spatiale des formes de concurrence des marchés fonciers et de leurs impacts sociaux
- T32 Nature(s) et paysages : une redéfinition des enjeux particulièrement intense
- T33 La terre agricole : un espace vécu et partagé, un repère identitaire
Concrètement, mes recherches personnelles se sont intégré à la T3.3 et se divisent en deux approches complémentaires :
Pour comprendre ce qui fait la valeur du foncier agricole pour les parties prenantes, j’ai organisé des groupes de discussion (focus groups) dans trois terrains selon le tableau suivant. Un groupe de discussion se réunit deux fois, soit environ 3h30 d’entretien collectif filmé. L’objectif (pas toujours atteint) est de réunir 6 personnes par groupe. Les questions posées portent entre autres sur les usages qu’ont les participants de l’espace agricole et sur les usages qu’en font “les autres”. Les entretiens sont intégralement transcrits, ce qui me donne un matériau très riche
En proposant d’interroger séparément agriculteurs et agricultrices, j’ai introduit pour la première fois une distinction de genre dans mes méthodologies. Il semble que ce soit utile car le rapport au foncier n’est pas le même. L’idée d’interroger des propriétaires fonciers est très intéressante mais il est difficile de mobiliser ces personnes, souvent âgées : dans l’Aunis ce groupe n’a pas fonctionné, les personnes pressenties ne s’étant pas déplacées.
L’autre approche consiste à retourner chez des agriculteurs, la plupart participants aux groupes de discussion, pour leur proposer des entretiens “bottes aux pieds”. Ce tour de plaine me sert à repérer en quoi les usages changent, comment l’agriculteur fait face à l’emprise de l’urbanisation, comment le foncier est effectivement partagé. L’idée est de confronter ces données microlocalisées (cartographiées) avec les représentations plus générales qui émanent de l’analyse des groupes de discussion.
Que montre cette photo ? Il s’agit de ragosses (où ragolles selon les parlers locaux), haies de chênes émondés tous les 9 ans. C’est un élément typique du paysage agricole du Pays de Rennes. Le lien avec Dytefort, c’est que Samuel Périchon, dans sa thèse (réf. ci-dessous), a montré comment cette forme de taille sévère, qui ne répond plus aux nécessités de production de bois de feu sur les petites exploitations du XIXe siècle, est maintenue par les agriculteurs en particulier pour montrer qu’il sont chez eux. C’est donc à la fois un signe et une marque d’appropriation, pas toujours bien perçu d’ailleurs par les riverains non agriculteurs.
PERICHON Samuel, 2003.
L’inégale évolution de la densité des arbres dans les campagnes d’Ile et Vilaine. L’histoire récente vue par trois générations d’agriculteurs.
Thèse de doctorat, Engref*, Paris, 311 p.
Sur chacun des trois terrains, j’ai essayé de travailler en partenariat avec un référent local, source précieuse d’information pour la recherche mais aussi relai susceptible de mobiliser les résultats des entretiens dans sa pratique de développement local :
- Dans le Coglais, le partenaire impliqué dans Dytefort est la Communauté de communes “Coglais communauté”, mais j’ai ensuite appuyé le travail de prospective réalisé par Annelyse Ferré pour la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine ;
- A Coutances, Sophie Barbot m’a assuré le soutien de l’antenne locale de la Chambre d’agriculture (Olivier Delaval, responsable), qui a relayé le projet auprès du GVA* de Coutances (Marie-Christine Godin, animatrice) ;
- Dans l’Aunis, j’ai pu compter sur le soutien de Roland Guy (Chambre d’agriculture de Charentes-Maritime), qui a également mobilisé le Pays d’Aunis pour construire une prospective. Nous avons produit un document présentant les résultats de ces travaux (voir ce focus PSDR).
C’est un des aspects positifs essentiels de Dytefort : nous offrir la possibilité d’une vraie coopération entre “chercheurs et acteurs”, selon la terminologie retenue dans les programmes PSDR…
Une concrétisation de cette dynamique a été l’organisation par Philippe Desnos et Diane Beldame (FRGEDA-TRAME) de l’Université “Foncier agricole et territoires” à Pouancé (49), les 27 et 28 juin 2011 : ateliers, tables rondes et plénières ont permis à chacun de s’exprimer et de se rencontrer, tout en s’appropriant les questions posées par la recherche et par les territoires. La convivialité des repas, du gîte, les interventions théâtrales de la LINA* et de la Compagnie Patrick Cosnet ont ajouté le grain de distance et parfois d’émotion qui renforcent ma conviction que la recherche n’éloigne pas nécessairement de la vie !
Dommage mais la page de l’Université sur le site “pardessuslahaie.net” de la FRGEDA-TRAME a été piratée !
Mes publications concernant le foncier