Yvon Le Caro

11 juillet 2016

Texas State University

Classé dans : Non classé — admin @ 22:07

En avril 2015, nous avons eu au département de géographie la visite du Pr Alberto Giordano, directeur du département de géographie de la Texas State University (plus d’info sur leur site). Très sympathique, il nous a introduit aux thématiques de recherche de ses collègues. Et rendons à César ce qui appartient à Thierry, c’est à Thierry Goater, alors vice-président aux relations internationales, que nous devons l’initiative de cet échange…

J’ai immédiatement pris contact avec Colleen Hiner (depuis elle s’appelle Colleen Myles), qui travaille comme moi sur les relations ville-campagne et urbain-rural. Elle est passée à Rennes dans la foulée en octobre 2015, profitant d’un colloque en France. J’ai alors demandé et obtenu des fonds du Service des relations internationales pour rendre la visite au Texas fin novembre 2015, ce que nous avons fait en délégation représentant les deux laboratoires de géographie rennais, moi pour ESO* et Vincent Dubreuil pour Costel* (merci à la nouvelle vice présidente Lesley Lelourec qui a soutenu à fond ce projet). Ce fut ma première traversée de l’Atlantique, et la découverte d’un Texas étonnant et attachant, même s’il faut y accepter le port d’armes jusque dans la fac (voir l’incroyable règlement sur le port d’armes dans l’université) !

Nous avons ensuite demandé et obtenu (avec l’aide précieuse du service  des relations internationales) un financement “Erasmus +” pour concrétiser le partenariat avec Texas State university. Ce soutien de l’Union européenne nous a permis de faire deux nouveaux séjour de recherche, Colleen est revenue en juin 2017 et de mon côté j’ai pu communiquer dans un colloque à Huntsville (TX) et mieux connaître le Texas central durant 3 semaines en novembre 2017. J’ai réinvité Colleen, cette fois sur les fonds de la Chaire internationale en humanités et sciences sociales de l’université Rennes 2, en juin 2022.

Sur le plan pédagogique, sans attendre les financements, Colleen et moi avons fait travailler nos étudiants ensemble : j’ai demandé à de petits groupes de Licence 3 de réfléchir sur un thème d’aménagement dans le district de Wimberley (13 groupes et 13 thèmes différents), Colleen organisant avec ses étudiant-e-s de master l’accompagnement et l’évaluation du travail des Breton-ne-s ! Depuis 2022 nous avons à l’université une collègue qui accompagne ce qui s’appelle désormais en bon français “internationalisation-at-home” ; Colleen et moi en avions donc fait sans le savoir ! Elle a d’ailleurs été interrogée sur notre expérience de coopération lors de son passage en 2022 (lire). Hélas nous n’avons jamais réussi à renouveler la chose pour de bêtes questions d’emploi du temps et de programmes.

Et voici pour conclure le témoignage de Maël Le Noc, un étudiant que j’avais eu en Licence et que j’ai eu la surprise de trouver à San Marcos, en train de rédiger un mémoire de master recherche et qui depuis a brillamment soutenu sa thèse (son site donne accès à ses travaux) :

Mon parcours depuis la L2 à Rennes 2 au master à Texas State
Je suis un ancien étudiant de Rennes 2, et je suis actuellement en train de terminer mon master de géographie à Texas State University, San Marcos (TX). Après 18 ans dans le Perche, puis un crochet par le Pérou, j’ai commencé des études d’histoire et de géographie en double cursus. Après une L1 à Toulouse, je suis venu en L2 à Rennes 2. Pour ma L3, j’ai décidé d’aller étudier à l’étranger, mais le fait de poursuivre deux licences simultanément m’excluait d’office de la plupart des échanges proposés. Plus ou moins par défaut, j’ai fini par postuler pour l’échange à Texas State University, une université située entre Austin et San Antonio avec laquelle Rennes 2 venait tout juste de signer une convention. Le Texas ne m’attirait pas plus que ça, mais j’avais envie de sortir de ma zone de confort. Ma candidature a été retenue et j’ai donc passé l’année scolaire 2012-2013 en tant qu’ « undergrad » à Texas State University (les undergraduate students sont l’équivalent des étudiants en Licence, tandis que les graduate students sont les étudiants en Master). L’expérience m’a particulièrement plu, et à mon retour, après une année loin de la fac, j’ai décidé de retourner à Texas State University pour un master de géographie, mais cette fois en postulant directement, hors de toute procédure d’échange. Mon dossier a été accepté, non sans mal, et me voilà aujourd’hui en train de rédiger mon mémoire sur la géographie des arrestations et des séparations de familles juives pendant la Shoah en Italie. Mon projet est d’enchaîner sur un doctorat en septembre 2016, toujours à Texas State.

Être étudiant français à Texas State
Le système universitaire américain est assez différent du système français. D’abord, les étudiants ont un choix de cours très vaste au sein de la filière qu’ils choisissent. Les undergrad (et les grad students dans une moindre mesure) peuvent aussi choisir de nombreux cours en dehors de leur discipline principale. Les étudiants passent globalement moins de temps en cours qu’en France (environ 12h par semaine, soit quatre cours de 3h, pour les licences et 9h pour les masters). En contrepartie, le travail personnel requis est plus important et plus régulier. Un grand nombre de cours se font sous forme de discussions : les étudiants arrivent en classe en ayant lu un ou plusieurs chapitres relatifs au sujet du jour, et tous participent à la construction du cours. Les cours sont donc plus vivants que les traditionnels CM à la française, et les échanges entre les professeurs et les étudiants sont très fréquents, aussi bien en classe qu’en dehors.
Une des autres différences majeures entre les universités américaines et les universités françaises est l’esprit de communauté. D’expérience, peu d’étudiants se disent fier d’ếtre de Rennes 2 (ou de tout autre fac française), et encore moins se promènent avec des t-shirt à l’effigie de leur fac. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est tout le contraire. Le lien entre les étudiants et leur fac est cultivé tout au long de l’année avec des rencontres sportives de plus ou moins haut niveau, des symboles, chants, couleurs et mascottes de la fac, des centaines d’associations étudiantes (plus de 370 à Texas State, dont 8 rien qu’en géographie), et de nombreuses activités et événements proposés chaque semaine par la fac et par les différents départements.

La géographie, une discipline reine à Texas State
Le département de géographie de Texas State est un des plus dynamiques de la fac, et c’est aussi l’un des plus gros départements de géographie des États Unis. C’est d’ailleurs l’un des seuls qui continue de se développer alors que de nombreux autres programmes de géographie ferment leurs portes au profit de studies plus thématiques et pluridisciplinaires. Les points forts de la recherche en géographie à Texas State sont les SIG, les relations Homme-environnent et l’éducation géographique. En tant qu’étudiant, notamment en master et en doctorat, il est assez facile de s’investir dans la vie du département : de nombreux étudiants se voient proposer d’enseigner des TD ou des cours (et c’est un bon moyen pour pouvoir financer des études au coût relativement plus élevé qu’en France) et collaborent avec les professeurs sur différents sujets de recherche.

Pour terminer, j’ajouterais que bien que nombre de stéréotypes sur le Texas se révèlent… pas faux, les Texans, et le Texas en général, sont très accueillants. Même si je ne compte pas passer le reste de ma vie au Texas, je suis content d’y rester encore quelques années.

Maël Le Noc
(http://recherche.mael-lenoc.fr/)

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