Yvon Le Caro

4 novembre 2011

ça se discute

Classé dans : Non classé — yvon.lecaro @ 16:43

Je vous propose ici des ouvertures personnelles sur des sujets d’actualité qui me semblent mériter discussion. Ces réflexions s’appuient sur mes interrogations d’enseignant, de chercheur, de syndicaliste, de citoyen, etc. Elle n’engagent évidemment que moi. Comme ce site n’est pas un blog, il ne s’agit pas d’y ouvrir de vrais débats, mais d’encourager chacun a approfondir par lui-même.

2012 - Financement de la recherche via les “investissements d’avenir”

Je me suis engagé en 2011 dans le labex CAMPEUR (qui n’a pas été retenu, Rennes n’en a eu aucun !). Ce type de projet, qui relève des “investissements d’avenir” proposés par le Gouvernement, me place pourtant et place nombre de chercheurs devant un dilemme.

En y contribuant, nous cautionnons une politique de “management” de la recherche qui consiste, sur la base du concept instrumentalisé de l’excellence, à donner beaucoup de moyens aux meilleurs et moins de moyens aux autres (”la pierre roule au murger” comme dit un mien jurassien copain…) ; c’est donc accepter que l’égalité des chances de “trouver” ne soit pas la même pour tous les chercheurs, alors qu’ils sont censés former des “communautés” plus ou moins “collaboratives” destinées à faire avancer la connaissance sans rentabilité immédiate. La formule utilisée pour justifier le pôles d’excellence dans le schéma de présentation du MESR* est explicite. En tant que syndicaliste, je m’oppose clairement à cette approche de l’usage des fonds publics qui oppose les chercheurs les uns aux autres.

"Investissements d'avenir" : objectifs, structure et budgets

Les investissements d'avenir - MESR

Mais si l’on se place du point de vue d’un laboratoire ou d’un établissement, ne pas proposer de réponse à ces appels d’offre revient à se classer d’office parmi les perdants de la compétition ainsi orchestrée. L’analyse des enjeux a conduit les responsables de l’université Rennes 2 et la directrice de l’UMR ESO a estimer qu’une réponse était nécessaire. Raymonde Séchet a pensé que les campagnes pouvaient  constituer un thème porteur, rassembleur et original pour une fédération en SHS*. En tant qu’enseignant-chercheur membre de l’UMR ESO et de l’université Rennes 2, j’ai donc apporté ma contribution à un projet scientifiquement intéressant mais institutionnellement contestable…

En tant que citoyen, je ne peux n’empêcher d’être inquiet pour l’avenir. Voici le billet que j’ai adressé le 7 novembre 2011 au Conseil régional de Bretagne en réaction à un article de sa revue grand public (lien vers Bretagne ensemble n°17, p.12 :

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux,
Bonjour,
Dans la perspective d’une éventuelle alternance nationale en 2012, je réagis à l’attitude absolument non critique d’institutions PS comme ma Région vis-à-vis de cette course à l’échalote des “Investissements d’avenir”.
Dans la revue “Bretagne ensemble”, n°17, p.12, la Région Bretagne fait l’apologie des Investissements d’avenir sous prétexte que certains chercheurs bretons en bénéficieront.
Que nous (universitaires, laboratoires) soyons amenés à répondre à ces appels d’offre c’est une chose, et que la Région soutienne les projets proposés pourquoi pas. Il ne s’agit pas de faire comme si ces opportunités n’existaient pas, et il n’est pas obligatoire de les refuser, fut-ce avec bravitude et panache…
Mais qu’on en présente les résultats comme “la Bretagne choisit son futur” alors que justement le choix est fait de manière obscure à Paris (ou dans un avion virtuel entre New-York et Shanghai vu la composition des premiers jurys ?), que l’on néglige d’analyser la répartition géographique des crédits distribués qui marginalisent l’Ouest (l’”Initiative d’excellence” proposée par la Bretagne et les Pays de la Loire vient d’être rejetée), que l’on ne pipe mot des centaines de chercheurs d’équipes et d’institutions découragés par le refus de leur projet monté à la force du poignet et surtout que l’on trouve excellente la culture de l’excellence conçue comme la sélection forcenée des meilleurs (”étudiants les plus prometteurs”, chercheurs qui “saisissent l’opportunité”, “super-labos”) en abandonnant les autres à leur destin, cela n’augure pas de lendemains tout roses…
J’ai fait part de cette réaction à mon syndicat, le Sgen-CFDT.
Kenavo
Yvon Le Caro
Citoyen géographe
Université européenne de Bretagne - Rennes 2

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